Update : 25 mars 2006

Historique

historique de la vie musicale de Michel Berger, vue par un fan, Jean-Luc.



1972


Après un 45 t au total insuccès et il est vrai plutôt moyen («Words» / «La vieille dame nous l'avait dit») sous son vrai patronyme Hamburger, Michel reprend très vite son nom d'artiste pour sortir ce qu'il considèrera, même 20 ans après, comme ses vrais débuts de chanteur (il détestait ce qu'il avait chanté dans les années 60).
Cet album, qui n'a comme titre qu'un point d'interrogation sera toujours appelé, par Michel et par les fans, «Le Coeur Brisé».
Véronique Sanson fait les choeurs sur «Oublie-moi de sitôt». Elle le quitte subitement quelques semaines après, alors que ce 1er album de Michel, et le 2ème de Véronique («De l'autre côté de mon rêve») ne sont pas encore sortis.
Michel fait figurer un coeur brisé en deux sans comprendre pourquoi. Les premiers fans eux, comprennent Michel en écoutant la chanson essentielle «Pour me comprendre». Tout l'album est à l'image de ce titre, terriblement autobiographique.
Ce côté singulier n'apparaitra pas au premier abord à France Gall, qui écoute attentivement cet album mais qui le trouve trop «copié» sur le premier album de Véronique Sanson («Amoureuse») qui a été une petite révolution musicale l'année précédente. Elle finira par comprendre que Michel n'a rien «plagié», et a été au contraire l'influence de Sanson. Premier album, sans grand succès commercial, mais qui confirme la nouvelle place de Berger dans la profession qui le remarque.

1973

Après un 45 t qui a plutôt fonctionné («Ecoute la musique»), Michel sort son 2ème Album «Chansons pour une fan», touché par le courrier de celles (et ceux) qui lui font savoir combien il est proche de leurs propres émotions.
C'est la voix de France Gall, qui a voulu le rencontrer, qui succède à celle de Véronique pour un duo sur ce qu'il appellera sa "chanson fleuve" : «Mon fils rira du rock'n roll». Cet album est plus énergique, plus joyeux que l'opus précédent. Huit mois après leur rencontre, son histoire d'amour et musicale avec France commence à prendre forme.
Une jolie collaboration artistique naît également avec Françoise Hardy qui est séduite par le «Message personnel» qu'il lui propose. Michel n'a pas le temps de composer un album pour Françoise, qu'il se contente de produire. Il lui écrit quand même par la suite un second 45 t («Je suis moi / Demain c'est hier»).

1974 - 1975

Après avoir orchestré le retour (la dernière chance qu'elle se donnait) de France Gall sur le devant de la scène (deux 45 t : «La déclaration d'amour / Si l'on pouvait vraiment parler» et «Mais aime-là / A votre avis»), Michel nous livre un 3ème album : «Que l'amour est bizarre». C’est un album qui retrouve la fibre mélancolique de Michel. La chanson-titre est un chef d'oeuvre. C'est sur cet album que figure aussi le titre préféré de tous les fans : «L'amour est là». Impossible aussi de ne pas remarquer «Seras-tu là ?», dédié à Véronique Sanson qui lui répond en chanson («Je serai là» sur scène en 1976). Bref, Michel s’est de nouveau très impliqué dans son nouvel album.
Il est pourtant très occupé : un album triomphal de grande qualité pour France, la bande originale du film «Sérieux comme le plaisir» (la 2ème après «Mektoub» en 1969), des musiques de Publicité, Michel est décidemment de plus en plus sollicité. Il a même commencé un album-concept sur l'histoire d'une jeune fille. Michel a depuis longtemps (cf «PUZZLE» en 1971) le soucis d'effectuer un travail musical plus approfondi. Le principe de cet album a émérgé (on le retrouvera pour France en 1976 avec «Dancing Disco») autour d'un fait divers célèbre à l'époque : l'histoire de Patricia Hearst, fille de milliardaire américain, enlevée avec demande de rançon, et qui tomba amoureuse de son ravisseur (jusqu'à l'épouser quelques années après). Ce "syndrôme de Stokholm" inspire Michel qui compose une histoire autour de ce thème (paroles et musiques) jusqu'a obtenir un Album qu'il va enregistrer avec France aux Etats-Unis (prémices de Double jeu 18 ans auparavant ?). Mais, à la fin de l'enregistrement, le résultat n'est pas à la hauteur de l'ambition de Michel. Insatisfait, il ne sortira jamais ces chansons mais reste attaché à l'idée de ce projet qui deviendra plus tard «Starmania»...
WEA et Polydor comptaient faire figurer tous les titres de cet album inédit en bonus dans le coffret «CELUI QUI CHANTE» paru en 1994. Malheureusement (bien que légitimement), France Gall a été consultée pour la conception de ce coffret et elle a mis son véto sur l'édition de plusieurs titres prévus, dont une bonne partie des chansons de cet épisode «Angelina Dumas» dont elle jugeait la qualité moyenne. Nous n'avons donc eu qu'un aperçu (4 titres survivants) de cet album, 20 ans après sa composition. Les titres "A qui donner ce que j'ai» (pur style Berger, tout comme on aime) et «Au revoir Angelina» se détachent.
Un autre titre, «Comme des loups» avait été remixé dans le but éventuel de le sortir en simple (posthume), projet finalement abandonné. Il est à noter que France a quand même eu la bonne idée de terminer son spectacle de Novembre 96 à l'Olympia par le titre «A qui donner ce que j'ai», sur lequel elle pouvait se laisser aller aux gimmicks et aux litanies qu'on aime tant sur la fin de la chanson.

1976


L'amour est bel et bien là puisqu'il épouse France en Juin. Son piano danse et illustre son 4ème album. L'énergie est là aussi («La bonne musique», «Mon bébé blond») mais il y a encore des joyaux mélancoliques précieux : «Les tramways de Carouge», «Suis ta musique où elle va».
Pour accompagner sa popularité, modeste mais grandissante, Maritie et Gilbert Carpentier lui proposent un "Numéro 1" commun avec France Gall. Plutôt qu'une emission classique, Michel désire proposer un conte musical inédit, tiré de "La petite sirène" d'Andersen, transposé dans le milieu du show-biz. Cela donne le très joli «Emilie ou la petite sirène 76», tourné avec des moyens rapides et parfoits maladroits, mais qui séduit immanquablement par la beauté des mélodies, et le plaisir évidents des interprêtes célébres (Eddy Mitchell, Françoise Hardy, Christophe...). Tout fan trouve un de ses plus grands bonheurs à la découverte de ce joyau méconnu. «Qu'il parle en premier», «Une fille de plus», tout est à savourer. Michel voulait sortir en parallèle ce conte musical sur disque mais cela n'a pu se faire à cause des problèmes de droits des contrats d'exclusivité des différents artistes présents sur cette composition. Michel n'a pu donc sortir qu'un 45 tours, le célèbre «Ca balance pas mal à Paris», avec en face B, une des plus jolies chansons interprétées par France : «Le monologue d'Emilie». Les fans n'ont pu découvrir ce petit joyau que récemment, lors d'une rediffusion sur la chaine cablée CANAL JIMMY. Des chansons comme «Qu'il parle en premier», «La leçon de rock'n roll» ou «Je rêve» auraient vraiment méritées d'être gravées sur vinyl, purs fruits de l'inspiration "Bergerienne" de l'époque.

1977


Michel poursuit dans ses idées de concept car il compose «Dancing Disco» pour France. Le 2ème album de la chanteuse qui devient la plus populaire de France (pour le rester pendant 15 ans encore) raconte l'histoire de Maggie qui travaille et s'ennuie dans une boite de nuit (le «Dancing Disco»). Et la sortie en single de «Musique», puis de l'éternel «Si maman si» font d'elle une star, alors qu'elle n'en a pas l'attitude.
Michel, lui, n'est pas encore une star. Les ventes de ses albums personnels est loin d'atteindre celles impressionnantes de France, plus charismatique sûrement. Mais c'est dans l'ombre, celle de France et celle de la production, qu'il construit son triomphe futur.

1978 - 1979


Michel a sollicité Luc Plamondon, auteur canadien de Diane Dufresnes notamment, et dont il admire l’écriture concise et efficace pour concrétiser enfin son grand projet : «Starmania». Après des années de gestation, le rêve ambitieux devient disque (septembre 78) et, devant le succès, devient Spectacle au Palais des Congrès (Avril 79). Toutes les critiques ne sont pas forcemment unanimes au départ, mais le public est là. Trois semaines uniques qui seront le point de départ, après des relais au Canada où le retentissement est énorme, d’une aventures qui débouchera sur 3 versions (79 - 88 - 93) d’une oeuvre rentrée dans le patrimoine musical français, brillant également à l’étranger («Tycoon» en 92, supervisé par Michel lui-même). Entre temps, pour accompagner la première scène de France Gall au Théatre des Champs-Elysées en Avril 78, Michel lui compose un nouveau single à succès («Viens je t’emmène / La tendresse des mots»), avant de fêter la naissance de Pauline quelques mois plus tard.

1980


Le déclic. Michel ne sait pas pourquoi c’est cette chanson là. Comme premier extrait de son nouvel album «Beauséjour», Michel choisi «La groupie du pianiste». Il interprête ce titre au cours des fameux «Rendez-vous du Dimanche» de Michel Drucker, moment qui reste gravé dans la mémoire de ceux qui deviendront les fans les plus fidèles [Ritchy : je crois que c'est cette émission qui a été le 'déclic' pour moi].
C’est évident. "Le" tube imparable, intelligent, efficace dans le bon sens du terme. Michel attendait cette reconnaissance en tant qu’interprète et à laquelle sa maison de disque ne croyait plus. «Quelques mots d’amour» enfoncent le clou. C’est pour tous le meilleur album de Michel Berger.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, la force de travail et d’inspiration du compositeur livre à la même époque le 3ème album de la petite France («Paris, France») qui, elle, n’en est pas à son premier tube, mais qui chante devant les caméras son plus grand : «Il jouait du piano debout». Et ce n’est un détail pour personne car tout l’été, la «Groupie» et le «Piano» vont sans cesse squatter les premières place des charts. Une situation très heureuse mais aussi très fatiguante pour le couple. Ils jurent tous deux que leurs prestations futures se feront désormais à tour de rôle.
C’est en tout cas au tour de Michel en ce mois de juin 80 d’occuper plusieurs soirs le Théatre des Champs-Elysées pour son premier concert. Un vrai bonheur, l’aboutissement d’années de travail et d’émotions, enfin partagées.

1981 - 1982


Le succès apporte son lot de nouvelles rencontres. Elton John entend la musique de Michel sur les ondes, et lui fait savoir qu'il apprécie. Se créé alors un petit jeu artistique entre les deux pointures qui projettent de collaborer : chacun devra composer sur les textes de l'autre et vice-versa, pour un 45 t. «historique» mettant France et Elton en vedette. C'est «Donner pour donner / Les aveux» qui montre un peu l'ouverture de l'Amérique envers un compositeur français. La collaboration avec les U.S.A. devait se poursuivre les années suivantes : un album confidentiel («Dreams in stone»), une collaboration avortée (avec Diana Ross). Quoiqu'il en soit, «Donner pour donner» est une parenthèse couronnée de succès.
Après le triomphe de «Beauséjour», Michel propose au grand public qui le connait maintenant l'album «Beaurivage». Et, étonnement, il ne reprend pas la même recette. C'est un album beaucoup plus intimiste. Même s'il comprend le tube «Mlle Chang» qui marche plutôt bien, le reste de l'album est très sobre. On a l'impression souvent de n'entendre qu'une voix et qu'un piano. Et c'est magnifique. Si «Beauséjour» est l'album préféré du public, «Beaurivage» est le favori des fans. Parce qu'il est peut-être son album le plus personnel. Il évoque les larmes de sa fille Pauline, le suicide de son ami Antoine, le handicap. Et puis ces confidences désespérées : «Déjà je suis loin», «C'est pas la peine de vivre», «Tant d'amour perdu», «Pour être moins seul»... Les titres parlent d'eux-mêmes. Est-ce la dépression après la gloire ? La douleur fait en tout cas sortir de bien belles choses aux artistes.
Mais Michel reste prolixe et retrouve toute la richesse musicale de ses fidèles musiciens pour concocter «Tout pour la musique», l'album rouge de France Gall. Il pose même sa voix reconnaissable sur les choeurs du premier single, qui permet à France de proposer son nouveau Spectacle en Janvier 82 (qui devra jouer les prolongations). France à toujours dit que c'est là, au Palais des Sports, qu'elle s'est mise à vraiment aimer la scène et à réaliser l'amour de son public. Michel en assure la mise en scène. Elle y interprète pour la première fois en live «Diego» et «Résiste», futur tube. Et comme cela devient une habitude, après la scène il y a...un bébé. Raphaël arrive. Entre temps, Michel aura lui aussi retrouvé le public en reconstituant l'intimité de «Beaurivage» à l'Olympia en Avril 82.

1983

Janvier. Michel a toujours envie de musique. Mais différente. Il le dit à qui veut l'entendre. Son nouvel album «Voyou» se veut un tournant. Plus rock, dit-il. Ce qui fait rire quelques groupes rock du moment. Certains voient peu le changement, d'autres déplorent une moins grande richesse de mélodies. «Voyou» est un tube modeste, mais l'album est quand même rapidement disque d'or grâce aux «Princes des villes». La reprise de «Diego» a plu sur scène à l'Olympia, alors il la reporte sur le disque [Ritchy : à l'Olympia, j'ai été ému en écoutant «Maria Carmencita» tandis que ma mère a plutôt retenu le punch inouï de «Mademoiselle Chang»]. C'est un album court, pas celui auquel on est le plus attaché. Mais il a pris sa valeur sur le temps. Et il a sur le moment pris davantage dimension sur scène dans un grand spectacle très éclairé au Palais des Sports en Mai, avec un beau succès.

1984

4ème B.O.F. pour Michel : «Rive droite, rive gauche». Il compose une musique aussi belle que celle de «Tout feu, tout flamme» en 82, et qui installe toute l'ambiance du film de Philippe LABRO qui y déclare son amour pour Paris.
France Gall revient avec des tubes. Michel apprécie que ses chansons deviennent des tubes. Cela signifie pour lui qu'elles rencontrent le public et qu'elles transmettent l'émotion au plus grans nombre. C'est ce qui se passe avec le très dansant «Débranche». Dans l'album du même nom, Michel a grandement utilisé le synthétiseur, dont c'était les débuts [Ritchy : hum, Jean-Michel Jarre a enregistré Oxygène 8 ans auparavant...], et transmet à France une energie qu'elle ressent pleinement. Après «Si maman si», Michel offre un autre standard à France avec «Cézanne peint» qui touche tout le monde. Même les philosophes sont séduits. Avec cet album, France peut se permettre d'être la première chanteuse à faire le Zénith, une nouvelle salle immense construite récemment. Si elle débute son tour de chant doucement, en nous disant derrière le rideau qu'elle a besoin de nous, elle sait très vite utiliser la dimension de cette salle pour exploser l'energie de ses tubes. Triomphe incontestable. Et toujours ce bonheur d'être sur scène, qui ne la quitte plus.

1985 - 1986


A son tour, Johnny Hallyday fait le Zénith. Michel et France vont le voir. Dans la loge, un souhait s'exprime : 1 titre. Non, dit Michel : 1 album ou rien.
Mai : L'album «Rock'n roll attitude» sort et c'est un évenement. «Le chanteur abandonné» trouve un nouveau ton, nécessaire à la carrière de l’idole. La collaboration étonne d'abord, puis convainc définitivement avec un nouveau standard : «Quelque chose de Tennessee». Johnny répètera plusieurs fois par la suite que «Rock'n roll attitude» est le meilleur album qu'il ait jamais fait. Michel aime les différences. Après avoir transcandé celle de Johnny, il évoque celle des autres dans son nouvel album. Il tente des arrangements plus modernes (bris de verre,...) quoiqu'encore timides. «Y'a pas de honte» est un tube léger, comme il le veut. L'album, lui, est plus profond. Très riche musicalement. Le synthé est définitivement adopté dans la composition Berger. A noter la présence de «Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux» qui aura un succès très modeste en single, mais qui se rattrapera magnifiquement 13 ans plus tard grâce à Lââm.
La plus grande scène de Michel est prévue pour Avril et c'est le Zénith qui l'accueille à son tour. C'est maintenant une star et il aime qu'on soit beaucoup à l'apprécier. Mais, toujours modeste, il chante juste "pour nous faire oublier nos soucis". Il vient de toi, ce cri qu'on a en nous et qui te dit qu'on t'aime, au bord de la scène.

1987

Dans un chateau en Italie aménagé en studio d'enregistrement, France enregistre les titres de son nouvel album «Babacar». Elle a demandé à Michel un album très personnel. Ce sera pourtant l'album qu'elle vendra le plus. Il parle de la mort avec une pudeur et une justesse inouie («Evidemment»), beaucoup de l'Afrique, le tout teinté de mélancolie. Et puis ce nouveau Zénith qui sera l'apogée de sa carrière ("je ne pouvais pas faire mieux après"). Tous les soirs pendant un mois, devant ces gens debout qui dansent devant comme derrière la scène, 40 musiciens et danseurs (africains notamment) entourent la trépidante France. Michel assure une fois de plus la mise en scène mais à la lumière de ses compositions que France évoque dans un magnifique medley de chansons tendres et chères au coeur des fans. L'apothéose.

1988

France se repose. Pour longtemps, elle l'a décidé. En attendant, Michel a accepté de re-travailler avec Véronique Sanson pour arranger sa chanson «Allah». France le prend mal. Michel le déplore, comme il déplore la polémique au sujet de cette chanson qui se révèle politiquement délicate et se trouve censurée.
Mais Michel est très accaparé par la reprise de son bébé : «Starmania». Celui-ci a bien grandit, et Michel surveille lui-même son évolution en mettant en scène une nouvelle version, plus personnelle qu'en 1979, au Théatre de Paris. Luc Plamondon est également de la partie. Les réservations suivent et feront durer le spectacle pendant 3 années, agrémentées de tournées et de passages en U.R.S.S. Maurane et Renaud Hantson, peu connus, font partie de la première troupe.

1990


On n'a pas entendu parler de Michel Berger depuis 2 ans. Le premier retour se fait avec un album : «Ca ne tient pas debout». Et un nouveau discours : cet album est, pour lui, très différent de ses précédentes compositions. Et surtout, il pense que c'est le dernier, en tant que chanteur en tout cas. Le petit succès du single «Ca ne tient pas debout" fait place à l'echec relatif du «Paradis blanc». Relatif, car c'est un titre qui marque les esprits, qui séduit et émeut. L'émotion en sera décuplée quelques années plus tard.
On comprend mieux le discours de Michel lorsqu'il annonce la création d'un nouvel opéra à Mogador, toujours avec Luc Plamondon.
«La légende de Jimmy» est un choc. A différents niveaux :
C'est un choc pour les fans et beaucoup d'autres qui sont touchés par la grâce. Les musiques sont sublimes. Pas toutes les musiques. Les chansons rythmées sont souvent ratées. Plates, insignifiantes, voir agaçantes pour certaines. Mais les chansons lentes, elles, sont magnifiques. Le plus beau rôle et la plus belle partition sont données à Nanette Workman. Loin de la Sadia de 79, elle transfigure l'émotion et porte aux lymbes cette voix grave et pourtant si pure. C'est un requiem. Michel le sait et il insiste pour que le spectacle se nomme «Requiem pour Jimmy».
C'est un choc également pour la partie du public qui s'attendait à "Starmania 2". Rien à voir. Etonnement. Déception.
C'est enfin un choc pour Michel qui constate que la pièce ne rencontre pas le succès escompté. Ce n'est pas vraiment un échec mais la noirceur du sujet et l'ambiance d'attentats parisienne ne permettront pas de prolonger le spectacle comme prévu.
Michel disait que «La légende de Jimmy» était ce qu'il avait composé de plus beau. Il avait raison.

1992


Depuis quelques temps, la rumeur persiste : on dit que France Gall aurait décidé d'arrêter sa carrière. Michel ne dément, ni ne confirme («on dit beaucoup de choses...»). Il n'empêche que cette décision de la part de France, réelle au départ, a beaucoup troublé Michel. France dit cependant que cela l'a poussé à chercher d'autres voies. Il a pu retourner vers la comédie musicale, et veut s'y consacrer encore davantage dans le futur.
Et puis, l'idée d'un album vraiment différent, inattendu et surprenant a pu voir le jour : Double Jeu. Deux voix qui n'en font qu'une, une voix (voie ?) nouvelle. A cette image, l'album n'est ni tout à fait celui de Michel, ni tout à fait celui de France. Il est fait de beaucoup de concessions. Mais de beaucoup de plaisir aussi. Ils le disent et cela se voit. Le "rock" de Michel, dont certains riaient en 83, que d'autres ont découvert en 85 avec Johnny, se révèle entièrement en 92. C'est éléctrique, c'est scandé, c'est froid. Mais c'est beau en même temps, et "Jamais partir" reste un repère familier. Les critiques aiment. France aime, et c'est l'essentiel pour Michel qui lui, n'aime finalement pas trop cet album qui ne se vend pas si bien que ça d'ailleurs. Mais le retour sur scène prévu à la Cigale en octobre l'enchante.
De toute façon, Michel est autre part dans sa tête. Une nouvelle carrière se déssine : il a beaucoup travaillé à la préparation du tournage d'un film : "Totem". Une histoire d'indiens dans une ambiance style "Bagdad café".
Il veut aussi parrainer une jeune chanteuse, Béatrice Grimm, pour qui il a eu un coup de coeur artistique.
Et surtout, il veut se mettre très vite à collaborer avec son ami de toujours, Luc Plamondon, sur un nouveau projet qui l'excite beaucoup. Un opéra singulier peuplé de chorégraphies contemporaines. Il en rêve en passant devant l'Opéra Bastille. Il en rêve dans sa maison de Ramatuelle. Après, pour nous, pour moi, la vie ne sera jamais plus comme avant.